CHAOS

PRÉAMBULE

Ce sujet complexe et passionnant des troubles psychiques a été posé sur ma table par un client qui m’a fait la demande en 2017 de l’accompagner dans la conception d’une campagne interne pour la SEEPH. Ma condition pour accepter de piloter ce projet était de ne pas s’enfermer dans la semaine de l’emploi pour les personnes handicapées, mais au contraire de s’en servir uniquement comme prétexte pour lancer une vraie démarche expérimentale et systémique sur le sujet.

J’ai eu la change de toucher du doigt la réalité derrière les troubles psychiques grâce à des rencontres cœur à cœur de personnes résilientes qui vivent courageusement dans une société qui peine à faire un pas de côté et à expérimenter de nouvelles solutions en réponse aux besoins concrets de ces personnes. Ce qui a fini par me convaincre à épouser cette thématique et à en faire un sujet prioritaire.

POURQUOI CHAOS?

Parce qu’il était temps d’adresser les besoins des personnes concernées par les troubles psychiques à travers une approche innovante et globale.

Parce qu’il était urgent de lever les tabous et libérer la parole pour opérer un changement durable des mentalités et faire évoluer les représentations. Ceci grâce à une sensibilisation à la fois émotionnelle, informative et collaborative.
Parce que les troubles psychiques représentent la :
1ère cause d’invalidité
2e cause d’arrêt de travail
+ de 11 000 décès par suicide en France
1 personnes sur 4 était touchée par un trouble psychique avant le Covid19 selon une étude de l’OMS
1/3 des Français étaient gênés à l’idée de travailler dans la même équipe et de partager un repas avec une personne ayant une maladie psychique*.
75% des Français jugeaient que les personnes concernées par les troubles psychiques étaient plus souvent incomprises et mises à l’écart par leurs collègues de travail.

CHAOS, un chantier colossal, mais ô combien essentiel ! Plus qu’une campagne, c’est un cri à l’unisson de millions de personnes dans le monde atteintes de troubles complexes, et doublement condamnées par un regard social stigmatisant.

L'auteur

LE PRINCIPE

S’IMMERGER DANS LE « CHAOS »
Une installation scénographique qui utilise les leviers issus des nouvelles technologies pour immerger les participants dans les troubles psychiques. Cet état de « CHAOS » caractérise le monde troublé des personnes atteintes de maladies psychiques, alternant entre noir profond, électricité, lumière, mais aussi accélération, décélération, rythme saccadé, et sérénité…

LES OBJECTIFS

1. Lever les tabous : informer pour dépasser les peurs et libérer la parole
2. Rompre l’isolement : créer des espaces d’échange et encourager la rencontre, permettre des discussions avec des pairs aidants, redonner confiance et développer le vivre-ensemble 3. Faire de la prévention : informer sur les attitudes à risque, les addictions…
4. Encourager la réduction des pertes économiques par l’inclusion professionnelle des personnes vivant avec un trouble psychique : 25 milliards € de pertes dans le monde économique, 65 milliards € de coût social, 13 milliards € des dépenses de santé. Informer sur les bonnes pratiques de maintien en emploi avec des aménagements spécifiques et accompagner le développement d’une culture d’entreprise bienveillante.

Témoignages

Ayant des troubles mentaux depuis mon enfance, mais n’ayant aucun diagnostic établi, je trouve votre projet incroyable, milles merci !"
E.

Je voulais vous dire bravo pour votre projet. Les troubles psychiques sont trop souvent incompris, font peur et les personnes en souffrant sont mises à l’écart. Moi-même, à tendance dépressive, borderline, je me suis toujours sentie différente des autres, et je ne parle pas trop de ce que je vis par peur d’éloigner les autres. Merci."
F.

L’expérimentation que j’avais lancée à travers la campagne CHAOS devait nous permettre de dégager des pistes de solutions hors les murs pour accompagner à la fois l’évolution des perceptions sur les troubles psychiques, mais surtout une meilleure prise en compte des personnes concernées par les maladies mentales dans la société et dans les entreprises.

Cette campagne est d’une actualité brûlante étant donné les impacts de la crise sanitaire et des confinements successifs sur la santé mentale de l’ensemble de la population. Mais la crise n’a pas permis de poursuivre ce projet selon le plan d’action qui était prévu.

Piétinons les préjugés

PRÉAMBULE

Le préjugé est une croyance préconçue sur un sujet, un individu ou un groupe d’individus. Il peut être non fondé ou fondé sur une expérience unique généralisée et appliquée à un groupe de personnes. Le préjugé est enfermant. Il entraine des attitudes négatives et/ou un comportement discriminatoire envers la personne ou le groupe de personnes visés. Il produit de lourdes conséquences à la fois sur un plan individuel et collectif.
J’ai imaginé ce concept pour apporter une contribution significative sur la lutte contre les préjugés et la discrimination pour un mieux vivre-ensemble. Le handicap était à l’origine de cette recherche-action avant l’élargissement sur d’autres thématiques.

POURQUOI PIÉTINONS LES PRÉJUGÉS

Les personnes handicapées sont souvent enfermées dans des représentations qui sont très éloignées de leur réalité de vie. Ceci a pour conséquences une intégration sociale et professionnelle compliquée et, quelques fois, un épanouissement personnel impossible.

Les préjugés sont parfois un héritage social qui passe de génération en génération. Pour les stopper définitivement, un travail de déconstruction des idées reçues est nécessaire. Celui-ci me semble efficace lorsqu’il permet à la fois la rencontre et l’implication directe de chacune des parties prenantes.

Je crois fermement que chaque individu a une zone d’excellence authentique, où se rencontrent ses passions et ses talents. Quand l’individu agit à partir de sa zone d’excellence authentique, il apporte sa richesse au monde, et en retire sens, énergie et plaisir.

PRINCIPE

Une campagne street art conçue dans une logique très symbolique : les passants sont invités à piétiner les préjugés inscrits sous forme de tags sur la voie publique ou affichés sur un écran géant. En les mettant ainsi à contribution dans cette action ludique, interactive et pédagogique, les participants entament une véritable réflexion personnelle sur les idées reçues; laquelle invite à un changement de leur propre mentalité dont le résultat est incontestablement une réduction de discriminations conscientes ou inconscientes liées au handicap.

OBJECTIFS :

  • Mieux accompagner les personnes en situation de handicap dans la prise en compte et la gestion de leur potentiel humain.

  • Informer et sensibiliser le grand public sur les réalités de vie des personnes handicapées.

  • Répondre aux objections éventuelles des managers ou collaborateurs quant à l’intégration des travailleurs en situation de handicap.

QUELQUES PRÉJUGÉS PIÉTINÉS

Un travailleur handicapé est une charge supplémentaire pour ses collègues
On ne peut pas licencier un travailleur handicapé
Les travailleurs handicapés sont plus souvent en arrêt maladie que les autres
Les aveugles ont forcément un chien
Le ou la conjoint.e d’une personne handicapée est un saint ou un pervers
L’autisme vient de la mère
Les sourds vivent dans leur monde
Les personnes ayant une souffrance psychique sont des personnes qui s’écoutent trop, ne se prennent pas en main et n’ont pas de volonté
Les handicapés portent la poisse
Le handicap coûte cher à la société

Nous avons tout de suite été séduit par le caractère très innovant, décalé de la campagne qui était proposée; et nous nous sommes dits que ce serait un levier complémentaire pour permettre à nos salariés de faire évoluer leur comportement sur le handicap.
Maryse Droff, Directrice égalité des chances, Groupe Orange

En 2014, deux partenaires importants, les groupes Orange et Malakoff Médéric m’ont fait confiance en m’apportant un soutien financier pour le lancement de cette campagne. Ce qui a permis à d’autres groupes de nous rejoindre en 2015 à l’instar de Transdev.
Piétinons les Préjugés est une expérience unique. Grâce à ses différents outils, une large audience non concernée directement par la question du handicap a pu participer de manière spontanée, directe et palpable à la lutte contre les discriminations liées au handicap.
J’ai eu pour ma part un immense bonheur à concevoir puis, à orchestrer cette campagne à la fois en externe dans différentes villes et en interne dans différents groupes. Des échanges authentiques et enrichissants avec des centaines de milliers de participants appartenant à des groupes humains, sociaux et culturels différents ont ainsi pu se faire permettant de développer l’interconnaissance et le vivre-ensemble.
Piétinons les Préjugés reste d’actualité et je compte bien poursuivre ce travail d’une façon ou d’une autre.

L'art d'être différent

PRÉAMBULE

Que voyons-nous d’abord et toujours de l’autre, sinon son corps et la présentation qu’il en fait ? Mais notre regard, rivé à ce corps qui apparaît, peut-il toujours voir en lui l’être humain qui l’habite ? Particulièrement, en est-il encore capable quand ce corps est abîmé́, meurtri, atteint de telle manière qu’il ne se présente plus sous un aspect habituel ? Car si les hommes et les femmes qui n’ont pas une apparence ordinaire sont les premiers à espérer un changement de regard sur leur personne, n’est-ce pas parce que leur corps, choquant la vue, engendre une émotion que ne provoquent pas des corps sans signe particulier ? Si le corps abîmé́ ou simplement singulier appelle un changement de regard, n’est-ce pas d’abord parce que nous n’avons jamais aspiré à autre chose qu’à regarder ce qui ne nous bousculait pas ? N’avons- nous pas toujours espéré́ faire disparaître tout ce qui portait atteinte à l’ordre des apparences ? Provocation de notre regard, le corps inhabituel ne nous appelle-t-il pas alors à regarder autrement, à voir ce qui n’est pas toujours immédiatement visible au cœur du visible, et d’abord, tout simplement, à voir en tout être humain qui n’en a pas les traits ordinaires, un être humain parmi d’autres ?

Danielle Moyse, Handicap : pour une révolution du regard, PUG, 2010

L'Art d'être différent : histoires de handicaps est un livre que j'ai voulu collectif et qui est le prolongement de mes tous premiers travaux sur l'image et notamment mon film documentaire Miroir de mon âme dont le but ultime était d'éduquer au changement de regard à la fois chez les personnes handicapées elles-mêmes et le reste de la société.

Cinq personnalités, cinq parcours de vie

On y retrouve les témoignages de Nicolas Bissardon, Marie Decker, Benoît Walther et moi-même, auxquels s’ajoute celui de Lalie Segond. Complétant l’image cinématographique, cet ouvrage donne à voir des propos approfondis, creusés vers l’intime.

Nos ambitions, nos rêves, l’apprivoisement de nos corps différents, le rôle joué par notre entourage dans notre développement et la relation que nous entretenons avec les autres, amis conjoints ou enfants sont abordés toujours sans pathos. Nous témoignons tous de notre bien-être dans une parole fluide, légère et libérée.
Entretiens menés par Blandine Bricka

Je suis une femme handicapée. Ma morphologie est très différente de celle des autres femmes. Et bien que cette différence paraisse flagrante aux yeux du monde, je ne me suis jamais laissé stopper par le regard des autres et mon propre regard sur mon corps n'a jamais été que valorisant.
Deza Nguembock

– Parce que plus encore que le handicap, ce qui fait souffrir les personnes handicapées c’est le tabou, le non-dit autour du handicap. Le tabou qui oblige à cacher, à se cacher, à fuir. Le tabou qui isole parce qu’il condamne la personne handicapée à vivre la rencontre avec l’autre dans la peur et la honte. C’est à partir du moment où la personne handicapée réussit à parler simplement de son handicap, qu’elle parvient à nommer sa différence, qu’elle prend sa place de personne à part entière et qu’elle peut entrer librement en interaction avec les autres.

– Parce que c’est par la parole que l’on peut réussir à créer le lien de personne à personne que la vue d’un corps différent peut momentanément ou définitivement briser ou empêcher. C’est par la parole que se fait la rencontre d’une personne à une autre personne. En prenant la parole, les personnes handicapées cassent la barrière que leur corps a pu un moment dresser entre elles et les autres. Quand le corps disgracieux peut être vécu comme un obstacle à la rencontre, la parole redonne chance à la rencontre, qui rétrospectivement aidera aussi la personne valide à regarder autrement le corps qu’elle a en face d’elle. À le trouver non plus difforme, mais singulier, porteur de sa propre beauté́.

À parcourir la littérature sur le handicap, on trouve essentiellement trois types d’ouvrages :

– des ouvrages théoriques écrits par des médecins, des philosophes, des psychologues, des psychanalystes, des sociologues.
– des ouvrages de vulgarisation et de témoignage de médecins ou d’accompagnants qui évoquent les difficultés que pose le handicap aux handicapés, mais aussi la plupart du temps à l’entourage proche.
– des récits personnels, d’accompagnants ou de personnes handicapées (de naissance ou suite à un accident) qui racontent comment ils ont été́ amenés à apprivoiser et à transcender le handicap. Avec souvent une parole qui tourne du côté de l’exceptionnel, de l’exemplaire. Il s’agit la plupart du temps d’une écriture à vocation thérapeutique qui retrace le parcours d’une personne traumatisée ou d’un proche qui a eu à l’accompagner pour accepter le handicap et à se construire une (nouvelle) identité́.

Il apparaît alors que la personne handicapée est très souvent comme l’ont été́ longtemps les femmes ou les minorités, privée de sa parole et que quand on la lui accorde, on lui demande de compenser sa déficience physique par une exceptionnalité́ morale.
Il est donc temps que les personnes handicapées prennent l’espace d’une parole simple, quotidienne et sans pathos.

Donner la parole aux personnes
Il ne s’agit pas d’un énième livre théorique ou pratique sur le handicap. Mais de recueillir à la source et de faire entendre la parole de personnes handicapées adressées à d’autres personnes handicapées et aux valides.
La co-auteur en charge des interviews joue simplement le rôle de transcripteur de cette parole.

Faire entendre une parole positive et ordinaire
Dans le film Miroir de mon âme, Nicolas, un des quatre ‘modèles’ dit : « je ne m’estime pas être un pèlerin qui veut convertir. J’ai surtout la fierté́ de vivre avec une différence et de bien la vivre. »
Ce n’est donc pas une parole de colère que nous faisons entendre ici. Pas davantage qu’une parole héroïque (celle du faible vainqueur), ni une parole donneuse de leçon (celle qui entend renvoyer le valide à son humilité́).

Mais une parole simple, celle de personnalités posées qui évoquent sans pathos leur parcours de vie, d’acceptation d’elle-même, le rôle de leur entourage, leurs ambitions, leurs rêves, leurs désirs, leurs doutes, leurs douleurs aussi.
Ainsi nous entendons la parole non de victimes, ni de super héros, mais de personnalités fortes, qui ont aujourd’hui un rapport apaisé avec leur corps, qui sont en paix avec le regard que les autres posent sur elles et qui sont capables d’en parler, d’entrer en relation avec les autres et de vivre une vie professionnelle, personnelle, amicale, amoureuse, familiale riche et heureuse.

Cet ouvrage co-financé par la Fondation de France et l’agence E&H LAB, est publié aux Éditions érès.

 

176 pages – 20 x 20 – 20€
ISBN : 978-2-7492-4662-8
En librairie le 22 janvier 2015 chez Érès

Esthétique & Handicap

PRÉAMBULE

Nous vivons dans un monde où le corps, objet de désir et de consommation est constamment exposé et mis en scène. Un corps dont les canons de perfection sont uniformisés tandis qu’on nous rabat les yeux et les oreilles avec les mille et une méthodes, recettes, techniques pour façonner son corps au moule de cet « idéal » socialement reconnu. Et dans ce contexte, la maladie, la vieillesse, le handicap sont perçus comme des ennemis condamnant à la dégénérescence un corps qu’on aimerait pouvoir figer dans une éternelle jeunesse et une plénitude maîtrisée.

Comment dès lors considérer comme potentiellement désirable un corps différent, singulier que d’aucuns qualifierait de disgracieux, de difforme, parce que ne correspondant en rien aux canons esthétiques ? Comment ne pas voir dans le handicap physique de l’autre l’image de ce qui nous terrifie : l’angoisse d’un corps imparfait, malade, abîmé, meurtri ; qui contraste si douloureusement avec le corps plein, maîtrisé, équilibré dont les médias nous vendent à chaque instant la fiction ? Et comment ne pas réduire la personne handicapée à ce corps différent et voir en elle la personne qui, au-delà de son handicap reste libre et entière ?

« On ne naît pas handicapé, on le devient par le regard des autres », écrit Marcel Nuss. « Une telle affirmation peut paraître incongrue pour qui n’a pas éprouvé les effets inquisiteurs et réducteurs de regards posés sur soi, sur sa déchéance. Hélas, elle n’est qu’une désolante vérité qui résulte du fait qu’altérité et dégénérescence choquent et sidèrent la vue ! ».

Pendant longtemps, on a tenu à l’écart de l’espace collectif ceux dont le corps représente ce que nous préférons ignorer. Pourtant aujourd’hui, un début de prise de conscience sociétale, les progrès de la médecine et des techniques font que les personnes handicapées sont et vont être de plus en plus amenées à circuler dans toutes les strates de la vie collective et publique.

Alors qu’elles sont de plus en plus nombreuses à vivre une vie tout à fait ordinaire, on les considère encore bien souvent comme des personnes assistées, comme des êtres habités par la douleur et condamnés à la souffrance.

Le corps, dans toute sa diversité, est un élément central tant dans la démarche artistique que dans l’acceptation et l’intégration des personnes en situation de handicap.

POURQUOI ESTHÉTIQUE & HANDICAP ?

OUVRIR LE REGARD SUR LA BEAUTÉ DE LA PERSONNE HANDICAPÉE

Si nous voulons réussir le pari de l’intégration des personnes handicapées, et en particulier des handicapés physiques, il nous faut donc opérer une double révolution du regard :

– Donner à voir et apprendre à regarder la personne handicapée comme une personne qui avant d’être handicapée, est d’abord une personne.

– Donner à voir et apprendre à regarder la beauté singulière que peut dégager tout corps même différent.

Ce changement de regard est essentiel pour les personnes handicapées qui ont, comme toute personne, un besoin essentiel, existentiel d’être regardée – au sens plein du terme – pour pouvoir se sentir libres et grandir. Il est essentiel également pour les personnes valides qui bien souvent ne savent pas comment regarder les personnes handicapées. Face à la différence, on peut en effet soit porter un regard de fascination qui s’arrête au corps de l’autre jusqu’à l’impolitesse et oublie de regarder la personne qui l’habite et qui ne s’y réduit pas. Soit, par pudeur, par peur du voyeurisme, détourner son regard de l’autre et ce faisant l’exclure en refusant de le rencontrer.

Le projet d’Esthétique et Handicap que j’ai initié part de l’idée qu’il est de la responsabilité des personnes handicapées elles-mêmes d’insuffler ce changement de regard. Amener les personnes handicapées à éduquer le regard des autres en se donnant à voir non comme des handicapés, mais d’abord et avant tout comme des êtres de désir, des êtres de parole, des êtres de liberté.

Ce changement de regard ne se prescrit pas. Il se prépare.
C’est toute l’ambition et tout le travail quotidien que j’ai au sein de mon agence de communication ces 10 dernières années.

Avec le concept Esthétique & Handicap, j’ai pris le parti en 2008 de mettre en lumière la beauté émanant de formes non-conventionnelles, de physiques si particuliers de personnes en situation de handicap pour faire voler en éclat un certain nombre de tabous et réconcilier ces deux notion Esthétique & Handicap, qui constituaient un couple antinomique dans l’inconscient collectif.

Sous ce concept photographique, un désir sous-jacent de sortir l’image de la personne handicapée du placard dans lequel elle était enfermée depuis toujours pour permettre des rencontres : une rencontre entre la personne handicapée et elle-même; une rencontre entre la société et la personne handicapée pour une meilleure acceptation du handicap dans une société où le culte du sans défaut a atteint son paroxysme et où vivre épanoui avec un handicap relève du défi.

Le pouvoir de l'image était ce qui m'a le plus fermement enchaîné à un moi idéal... Mon image de l'homme s'est forgée dans la publicité, les journaux et un constat s'est imposé de façon de plus en plus douloureuse au fil de mon adolescence : je ne suis pas comme cela. De ce "je ne suis pas comme cela" à "je ne suis pas désirable", à l'époque où le désir s'éveille, il n'y avait qu'un pas...
Benoît W.

L'image étant un vecteur puissant d'inclusion, et parce que certains acteurs tels les grandes marques, les agences, les médias, les pouvoirs publics ont un rôle majeur à jouer dans l'évolution des perceptions sociales sur la diversité, il convient d'agir en poursuivant ce travail amorcé depuis plus d'une décennie. Et si nous y réfléchissions ensemble?

E&H LAB

PRÉAMBULE

« L’herbe ne pousse jamais sur la route où tout le monde passe », proverbe africain.

Alors, j’ai choisi une autre route…

Lorsque j’ai fini mes études et que j’ai commencé à chercher un emploi en 2004, j’ai alors connu un autre choc important de ma vie. La simple mention de travailleur handicapé sur mon CV n’avait pour effet que des silences et/ou des rejets de ma candidature. Lorsqu’au bout de 6 mois, j’ai décidé d’enlever ce label « d’handicapé » sur mon CV, mon téléphone n’a cessé de sonner…

Des années plus tard, j’ai choisi de me lancer dans l’entrepreneuriat qui est d’abord avant tout le chemin de la résilience personnelle qui m’a permis de transformer une injustice, une colère en énergie positive. L’entrepreneuriat ouvre le champ de la créativité; ce petit supplément d’âme qui bouscule les évidences et qui permet de transformer l’impossible en possible. Il m’a permis de me réaliser en apportant une contribution significative sur l’inclusion : un engagement personnel et sociétal.

QUE SIGNIFIE E&H LAB

E comme Esthétique

H comme Handicap à l’origine, puis Humain des années plus tard

LAB comme Laboratoire d’expérimentations sociales d’où sont sorties les campagnes citoyennes innovations en réponse aux problèmes sociétaux complexes grâce à la co-construction, l’écoute du terrain, le développement de partenariats stratégiques…

EN 10 ANS, 6 campagnes d'intérêt général, la confiance de 58 clients pour un revenu global de plus de 2 millions d'€, 15 salariés en CDI, une vingtaines de stagiaires, des dizaines de collaborations stratégiques... et des centaines de millions de personnes touchées à travers mes campagnes handicap à fort impact social.

E&H LAB a les qualités d'une petite agence : mobilité, agilité, avec l'expertise et les compétences d'une grosse agence de com.
Pascal Andrieux, Directeur des engagements sociaux et sociétaux du Groupe Malakoff Humanis & DG de la Fondation Malakoff Humanis

Au cœur de ce projet d’entreprise, une cause : celle de l’inclusion ; et une conviction profonde à savoir que la diversité consubstantielle de notre humanité, est une richesse pour la société tout entière qu’il s’agit de faire fructifier au profit de chacun et de tous.

E&H LAB c’est :
Un modèle économique hybride avec des campagnes d’intérêt général qui font écho à des défis très actuels du monde d’aujourd’hui (la santé mentale des collaborateurs, la société inclusive, l’image et le handicap) ; et une offre d’accompagnement des entreprises et institutions.

Un cœur de métier, la communication exercée au travers de 3 activités : le conseil, la création de contenus, et l’événementiel. Une double mission, faire changer de regard sur le handicap et agir pour une intégration effective de la diversité et du handicap en entreprise.

Un modèle performant au service d’une croissance dynamique :
En 10 ans, ce sont au total 58 clients accompagnés pour un revenu global de + 2 millions d’€. 6 campagnes d’intérêt général dont la dernière, CHAOS sur les troubles psychiques, a permis de toucher en 4 jours près de 2 800 participants sur le site physique, environ 13 000 personnes grâce aux interactions sur les réseaux sociaux et environ 5 622 000 personnes sur 4 semaines d’affichage sur 3 villes nationales

Une dirigeante singulière poly différente qui incarne authentiquement la vision de son entreprise et a construit un savoir-faire qui dépasse sa propre expérience.

Un parti pris proactif et offensif qui prône une vision positive du handicap, qui sort d’un « regard classique », plutôt victimaire et souvent assez stigmatisant et « normatif ».

Parmi les clients qui m’ont fait confiance

Les groupes Malakoff Humanis, Nokia, Orange, Transdev, le Crédit Agricole la Fondation Banque Populaire, Natixis, Gemey Maybelline Garnier, Les Galeries Lafayette, 3DS Dassault Systèmes, AG2R La Mondiale…

Suite aux impacts de la crise sanitaire entre autres, j’ai décidé de déposer le bilan et tourner la page de cette belle aventure entrepreneuriale.

CHAOS

PRÉAMBULE

Ce sujet complexe et passionnant des troubles psychiques a été posé sur ma table par un client qui m’a fait la demande en 2017 de l’accompagner dans la conception d’une campagne interne pour la SEEPH. Ma condition pour accepter de piloter ce projet était de ne pas s’enfermer dans la semaine de l’emploi pour les personnes handicapées, mais au contraire de s’en servir uniquement comme prétexte pour lancer une vraie démarche expérimentale et systémique sur le sujet.

J’ai eu la change de toucher du doigt la réalité derrière les troubles psychiques grâce à des rencontres cœur à cœur de personnes résilientes qui vivent courageusement dans une société qui peine à faire un pas de côté et à expérimenter de nouvelles solutions en réponse aux besoins concrets de ces personnes. Ce qui a fini par me convaincre à épouser cette thématique et à en faire un sujet prioritaire.

POURQUOI CHAOS?

Parce qu’il était temps d’adresser les besoins des personnes concernées par les troubles psychiques à travers une approche innovante et globale.

Parce qu’il était urgent de lever les tabous et libérer la parole pour opérer un changement durable des mentalités et faire évoluer les représentations. Ceci grâce à une sensibilisation à la fois émotionnelle, informative et collaborative.
Parce que les troubles psychiques représentent la :
1ère cause d’invalidité
2e cause d’arrêt de travail
+ de 11 000 décès par suicide en France
1 personnes sur 4 était touchée par un trouble psychique avant le Covid19 selon une étude de l’OMS
1/3 des Français étaient gênés à l’idée de travailler dans la même équipe et de partager un repas avec une personne ayant une maladie psychique*.
75% des Français jugeaient que les personnes concernées par les troubles psychiques étaient plus souvent incomprises et mises à l’écart par leurs collègues de travail.

CHAOS, un chantier colossal, mais ô combien essentiel ! Plus qu’une campagne, c’est un cri à l’unisson de millions de personnes dans le monde atteintes de troubles complexes, et doublement condamnées par un regard social stigmatisant.

L'auteur

LE PRINCIPE

S’IMMERGER DANS LE « CHAOS »
Une installation scénographique qui utilise les leviers issus des nouvelles technologies pour immerger les participants dans les troubles psychiques. Cet état de « CHAOS » caractérise le monde troublé des personnes atteintes de maladies psychiques, alternant entre noir profond, électricité, lumière, mais aussi accélération, décélération, rythme saccadé, et sérénité…

LES OBJECTIFS

1. Lever les tabous : informer pour dépasser les peurs et libérer la parole
2. Rompre l’isolement : créer des espaces d’échange et encourager la rencontre, permettre des discussions avec des pairs aidants, redonner confiance et développer le vivre-ensemble 3. Faire de la prévention : informer sur les attitudes à risque, les addictions…
4. Encourager la réduction des pertes économiques par l’inclusion professionnelle des personnes vivant avec un trouble psychique : 25 milliards € de pertes dans le monde économique, 65 milliards € de coût social, 13 milliards € des dépenses de santé. Informer sur les bonnes pratiques de maintien en emploi avec des aménagements spécifiques et accompagner le développement d’une culture d’entreprise bienveillante.

Témoignages

Ayant des troubles mentaux depuis mon enfance, mais n’ayant aucun diagnostic établi, je trouve votre projet incroyable, milles merci !"
E.

Je voulais vous dire bravo pour votre projet. Les troubles psychiques sont trop souvent incompris, font peur et les personnes en souffrant sont mises à l’écart. Moi-même, à tendance dépressive, borderline, je me suis toujours sentie différente des autres, et je ne parle pas trop de ce que je vis par peur d’éloigner les autres. Merci."
F.

L’expérimentation que j’avais lancée à travers la campagne CHAOS devait nous permettre de dégager des pistes de solutions hors les murs pour accompagner à la fois l’évolution des perceptions sur les troubles psychiques, mais surtout une meilleure prise en compte des personnes concernées par les maladies mentales dans la société et dans les entreprises.

Cette campagne est d’une actualité brûlante étant donné les impacts de la crise sanitaire et des confinements successifs sur la santé mentale de l’ensemble de la population. Mais la crise n’a pas permis de poursuivre ce projet selon le plan d’action qui était prévu.

Piétinons les préjugés

PRÉAMBULE

Le préjugé est une croyance préconçue sur un sujet, un individu ou un groupe d’individus. Il peut être non fondé ou fondé sur une expérience unique généralisée et appliquée à un groupe de personnes. Le préjugé est enfermant. Il entraine des attitudes négatives et/ou un comportement discriminatoire envers la personne ou le groupe de personnes visés. Il produit de lourdes conséquences à la fois sur un plan individuel et collectif.
J’ai imaginé ce concept pour apporter une contribution significative sur la lutte contre les préjugés et la discrimination pour un mieux vivre-ensemble. Le handicap était à l’origine de cette recherche-action avant l’élargissement sur d’autres thématiques.

POURQUOI PIÉTINONS LES PRÉJUGÉS

Les personnes handicapées sont souvent enfermées dans des représentations qui sont très éloignées de leur réalité de vie. Ceci a pour conséquences une intégration sociale et professionnelle compliquée et, quelques fois, un épanouissement personnel impossible.

Les préjugés sont parfois un héritage social qui passe de génération en génération. Pour les stopper définitivement, un travail de déconstruction des idées reçues est nécessaire. Celui-ci me semble efficace lorsqu’il permet à la fois la rencontre et l’implication directe de chacune des parties prenantes.

Je crois fermement que chaque individu a une zone d’excellence authentique, où se rencontrent ses passions et ses talents. Quand l’individu agit à partir de sa zone d’excellence authentique, il apporte sa richesse au monde, et en retire sens, énergie et plaisir.

PRINCIPE

Une campagne street art conçue dans une logique très symbolique : les passants sont invités à piétiner les préjugés inscrits sous forme de tags sur la voie publique ou affichés sur un écran géant. En les mettant ainsi à contribution dans cette action ludique, interactive et pédagogique, les participants entament une véritable réflexion personnelle sur les idées reçues; laquelle invite à un changement de leur propre mentalité dont le résultat est incontestablement une réduction de discriminations conscientes ou inconscientes liées au handicap.

OBJECTIFS :

  • Mieux accompagner les personnes en situation de handicap dans la prise en compte et la gestion de leur potentiel humain.

  • Informer et sensibiliser le grand public sur les réalités de vie des personnes handicapées.

  • Répondre aux objections éventuelles des managers ou collaborateurs quant à l’intégration des travailleurs en situation de handicap.

QUELQUES PRÉJUGÉS PIÉTINÉS

Un travailleur handicapé est une charge supplémentaire pour ses collègues
On ne peut pas licencier un travailleur handicapé
Les travailleurs handicapés sont plus souvent en arrêt maladie que les autres
Les aveugles ont forcément un chien
Le ou la conjoint.e d’une personne handicapée est un saint ou un pervers
L’autisme vient de la mère
Les sourds vivent dans leur monde
Les personnes ayant une souffrance psychique sont des personnes qui s’écoutent trop, ne se prennent pas en main et n’ont pas de volonté
Les handicapés portent la poisse
Le handicap coûte cher à la société

Nous avons tout de suite été séduit par le caractère très innovant, décalé de la campagne qui était proposée; et nous nous sommes dits que ce serait un levier complémentaire pour permettre à nos salariés de faire évoluer leur comportement sur le handicap.
Maryse Droff, Directrice égalité des chances, Groupe Orange

En 2014, deux partenaires importants, les groupes Orange et Malakoff Médéric m’ont fait confiance en m’apportant un soutien financier pour le lancement de cette campagne. Ce qui a permis à d’autres groupes de nous rejoindre en 2015 à l’instar de Transdev.
Piétinons les Préjugés est une expérience unique. Grâce à ses différents outils, une large audience non concernée directement par la question du handicap a pu participer de manière spontanée, directe et palpable à la lutte contre les discriminations liées au handicap.
J’ai eu pour ma part un immense bonheur à concevoir puis, à orchestrer cette campagne à la fois en externe dans différentes villes et en interne dans différents groupes. Des échanges authentiques et enrichissants avec des centaines de milliers de participants appartenant à des groupes humains, sociaux et culturels différents ont ainsi pu se faire permettant de développer l’interconnaissance et le vivre-ensemble.
Piétinons les Préjugés reste d’actualité et je compte bien poursuivre ce travail d’une façon ou d’une autre.

L'art d'être différent

PRÉAMBULE

Que voyons-nous d’abord et toujours de l’autre, sinon son corps et la présentation qu’il en fait ? Mais notre regard, rivé à ce corps qui apparaît, peut-il toujours voir en lui l’être humain qui l’habite ? Particulièrement, en est-il encore capable quand ce corps est abîmé́, meurtri, atteint de telle manière qu’il ne se présente plus sous un aspect habituel ? Car si les hommes et les femmes qui n’ont pas une apparence ordinaire sont les premiers à espérer un changement de regard sur leur personne, n’est-ce pas parce que leur corps, choquant la vue, engendre une émotion que ne provoquent pas des corps sans signe particulier ? Si le corps abîmé́ ou simplement singulier appelle un changement de regard, n’est-ce pas d’abord parce que nous n’avons jamais aspiré à autre chose qu’à regarder ce qui ne nous bousculait pas ? N’avons- nous pas toujours espéré́ faire disparaître tout ce qui portait atteinte à l’ordre des apparences ? Provocation de notre regard, le corps inhabituel ne nous appelle-t-il pas alors à regarder autrement, à voir ce qui n’est pas toujours immédiatement visible au cœur du visible, et d’abord, tout simplement, à voir en tout être humain qui n’en a pas les traits ordinaires, un être humain parmi d’autres ?

Danielle Moyse, Handicap : pour une révolution du regard, PUG, 2010

L'Art d'être différent : histoires de handicaps est un livre que j'ai voulu collectif et qui est le prolongement de mes tous premiers travaux sur l'image et notamment mon film documentaire Miroir de mon âme dont le but ultime était d'éduquer au changement de regard à la fois chez les personnes handicapées elles-mêmes et le reste de la société.

Cinq personnalités, cinq parcours de vie

On y retrouve les témoignages de Nicolas Bissardon, Marie Decker, Benoît Walther et moi-même, auxquels s’ajoute celui de Lalie Segond. Complétant l’image cinématographique, cet ouvrage donne à voir des propos approfondis, creusés vers l’intime.

Nos ambitions, nos rêves, l’apprivoisement de nos corps différents, le rôle joué par notre entourage dans notre développement et la relation que nous entretenons avec les autres, amis conjoints ou enfants sont abordés toujours sans pathos. Nous témoignons tous de notre bien-être dans une parole fluide, légère et libérée.
Entretiens menés par Blandine Bricka

Je suis une femme handicapée. Ma morphologie est très différente de celle des autres femmes. Et bien que cette différence paraisse flagrante aux yeux du monde, je ne me suis jamais laissé stopper par le regard des autres et mon propre regard sur mon corps n'a jamais été que valorisant. Deza Nguembock

– Parce que plus encore que le handicap, ce qui fait souffrir les personnes handicapées c’est le tabou, le non-dit autour du handicap. Le tabou qui oblige à cacher, à se cacher, à fuir. Le tabou qui isole parce qu’il condamne la personne handicapée à vivre la rencontre avec l’autre dans la peur et la honte. C’est à partir du moment où la personne handicapée réussit à parler simplement de son handicap, qu’elle parvient à nommer sa différence, qu’elle prend sa place de personne à part entière et qu’elle peut entrer librement en interaction avec les autres.

– Parce que c’est par la parole que l’on peut réussir à créer le lien de personne à personne que la vue d’un corps différent peut momentanément ou définitivement briser ou empêcher. C’est par la parole que se fait la rencontre d’une personne à une autre personne. En prenant la parole, les personnes handicapées cassent la barrière que leur corps a pu un moment dresser entre elles et les autres. Quand le corps disgracieux peut être vécu comme un obstacle à la rencontre, la parole redonne chance à la rencontre, qui rétrospectivement aidera aussi la personne valide à regarder autrement le corps qu’elle a en face d’elle. À le trouver non plus difforme, mais singulier, porteur de sa propre beauté́.

À parcourir la littérature sur le handicap, on trouve essentiellement trois types d’ouvrages :

– des ouvrages théoriques écrits par des médecins, des philosophes, des psychologues, des psychanalystes, des sociologues.
– des ouvrages de vulgarisation et de témoignage de médecins ou d’accompagnants qui évoquent les difficultés que pose le handicap aux handicapés, mais aussi la plupart du temps à l’entourage proche.
– des récits personnels, d’accompagnants ou de personnes handicapées (de naissance ou suite à un accident) qui racontent comment ils ont été́ amenés à apprivoiser et à transcender le handicap. Avec souvent une parole qui tourne du côté de l’exceptionnel, de l’exemplaire. Il s’agit la plupart du temps d’une écriture à vocation thérapeutique qui retrace le parcours d’une personne traumatisée ou d’un proche qui a eu à l’accompagner pour accepter le handicap et à se construire une (nouvelle) identité́.

Il apparaît alors que la personne handicapée est très souvent comme l’ont été́ longtemps les femmes ou les minorités, privée de sa parole et que quand on la lui accorde, on lui demande de compenser sa déficience physique par une exceptionnalité́ morale.
Il est donc temps que les personnes handicapées prennent l’espace d’une parole simple, quotidienne et sans pathos.

Donner la parole aux personnes
Il ne s’agit pas d’un énième livre théorique ou pratique sur le handicap. Mais de recueillir à la source et de faire entendre la parole de personnes handicapées adressées à d’autres personnes handicapées et aux valides.
La co-auteur en charge des interviews joue simplement le rôle de transcripteur de cette parole.

Faire entendre une parole positive et ordinaire
Dans le film Miroir de mon âme, Nicolas, un des quatre ‘modèles’ dit : « je ne m’estime pas être un pèlerin qui veut convertir. J’ai surtout la fierté́ de vivre avec une différence et de bien la vivre. »
Ce n’est donc pas une parole de colère que nous faisons entendre ici. Pas davantage qu’une parole héroïque (celle du faible vainqueur), ni une parole donneuse de leçon (celle qui entend renvoyer le valide à son humilité́).

Mais une parole simple, celle de personnalités posées qui évoquent sans pathos leur parcours de vie, d’acceptation d’elle-même, le rôle de leur entourage, leurs ambitions, leurs rêves, leurs désirs, leurs doutes, leurs douleurs aussi.
Ainsi nous entendons la parole non de victimes, ni de super héros, mais de personnalités fortes, qui ont aujourd’hui un rapport apaisé avec leur corps, qui sont en paix avec le regard que les autres posent sur elles et qui sont capables d’en parler, d’entrer en relation avec les autres et de vivre une vie professionnelle, personnelle, amicale, amoureuse, familiale riche et heureuse.

Cet ouvrage co-financé par la Fondation de France et l’agence E&H LAB, est publié aux Éditions érès.

176 pages – 20 x 20 – 20€
ISBN : 978-2-7492-4662-8
En librairie le 22 janvier 2015 chez Érès

Esthétique & Handicap

PRÉAMBULE

Nous vivons dans un monde où le corps, objet de désir et de consommation est constamment exposé et mis en scène. Un corps dont les canons de perfection sont uniformisés tandis qu’on nous rabat les yeux et les oreilles avec les mille et une méthodes, recettes, techniques pour façonner son corps au moule de cet « idéal » socialement reconnu. Et dans ce contexte, la maladie, la vieillesse, le handicap sont perçus comme des ennemis condamnant à la dégénérescence un corps qu’on aimerait pouvoir figer dans une éternelle jeunesse et une plénitude maîtrisée.

Comment dès lors considérer comme potentiellement désirable un corps différent, singulier que d’aucuns qualifierait de disgracieux, de difforme, parce que ne correspondant en rien aux canons esthétiques ? Comment ne pas voir dans le handicap physique de l’autre l’image de ce qui nous terrifie : l’angoisse d’un corps imparfait, malade, abîmé, meurtri ; qui contraste si douloureusement avec le corps plein, maîtrisé, équilibré dont les médias nous vendent à chaque instant la fiction ? Et comment ne pas réduire la personne handicapée à ce corps différent et voir en elle la personne qui, au-delà de son handicap reste libre et entière ?

« On ne naît pas handicapé, on le devient par le regard des autres », écrit Marcel Nuss. « Une telle affirmation peut paraître incongrue pour qui n’a pas éprouvé les effets inquisiteurs et réducteurs de regards posés sur soi, sur sa déchéance. Hélas, elle n’est qu’une désolante vérité qui résulte du fait qu’altérité et dégénérescence choquent et sidèrent la vue ! ».

Pendant longtemps, on a tenu à l’écart de l’espace collectif ceux dont le corps représente ce que nous préférons ignorer. Pourtant aujourd’hui, un début de prise de conscience sociétale, les progrès de la médecine et des techniques font que les personnes handicapées sont et vont être de plus en plus amenées à circuler dans toutes les strates de la vie collective et publique.

Alors qu’elles sont de plus en plus nombreuses à vivre une vie tout à fait ordinaire, on les considère encore bien souvent comme des personnes assistées, comme des êtres habités par la douleur et condamnés à la souffrance.

Le corps, dans toute sa diversité, est un élément central tant dans la démarche artistique que dans l’acceptation et l’intégration des personnes en situation de handicap.

POURQUOI ESTHÉTIQUE & HANDICAP ?

OUVRIR LE REGARD SUR LA BEAUTÉ DE LA PERSONNE HANDICAPÉE

Si nous voulons réussir le pari de l’intégration des personnes handicapées, et en particulier des handicapés physiques, il nous faut donc opérer une double révolution du regard :

– Donner à voir et apprendre à regarder la personne handicapée comme une personne qui avant d’être handicapée, est d’abord une personne.

– Donner à voir et apprendre à regarder la beauté singulière que peut dégager tout corps même différent.

Ce changement de regard est essentiel pour les personnes handicapées qui ont, comme toute personne, un besoin essentiel, existentiel d’être regardée – au sens plein du terme – pour pouvoir se sentir libres et grandir. Il est essentiel également pour les personnes valides qui bien souvent ne savent pas comment regarder les personnes handicapées. Face à la différence, on peut en effet soit porter un regard de fascination qui s’arrête au corps de l’autre jusqu’à l’impolitesse et oublie de regarder la personne qui l’habite et qui ne s’y réduit pas. Soit, par pudeur, par peur du voyeurisme, détourner son regard de l’autre et ce faisant l’exclure en refusant de le rencontrer.

Le projet d’Esthétique et Handicap que j’ai initié part de l’idée qu’il est de la responsabilité des personnes handicapées elles-mêmes d’insuffler ce changement de regard. Amener les personnes handicapées à éduquer le regard des autres en se donnant à voir non comme des handicapés, mais d’abord et avant tout comme des êtres de désir, des êtres de parole, des êtres de liberté.

Ce changement de regard ne se prescrit pas. Il se prépare.
C’est toute l’ambition et tout le travail quotidien que j’ai au sein de mon agence de communication ces 10 dernières années.

Avec le concept Esthétique & Handicap, j’ai pris le parti en 2008 de mettre en lumière la beauté émanant de formes non-conventionnelles, de physiques si particuliers de personnes en situation de handicap pour faire voler en éclat un certain nombre de tabous et réconcilier ces deux notion Esthétique & Handicap, qui constituaient un couple antinomique dans l’inconscient collectif.

Sous ce concept photographique, un désir sous-jacent de sortir l’image de la personne handicapée du placard dans lequel elle était enfermée depuis toujours pour permettre des rencontres : une rencontre entre la personne handicapée et elle-même; une rencontre entre la société et la personne handicapée pour une meilleure acceptation du handicap dans une société où le culte du sans défaut a atteint son paroxysme et où vivre épanoui avec un handicap relève du défi.

Le pouvoir de l'image était ce qui m'a le plus fermement enchaîné à un moi idéal... Mon image de l'homme s'est forgée dans la publicité, les journaux et un constat s'est imposé de façon de plus en plus douloureuse au fil de mon adolescence : je ne suis pas comme cela. De ce "je ne suis pas comme cela" à "je ne suis pas désirable", à l'époque où le désir s'éveille, il n'y avait qu'un pas...
Benoît W.

L'image étant un vecteur puissant d'inclusion, et parce que certains acteurs tels les grandes marques, les agences, les médias, les pouvoirs publics ont un rôle majeur à jouer dans l'évolution des perceptions sociales sur la diversité, il convient d'agir en poursuivant ce travail amorcé depuis plus d'une décennie. Et si nous y réfléchissions ensemble?

E&H LAB

PRÉAMBULE

« L’herbe ne pousse jamais sur la route où tout le monde passe », proverbe africain.

Alors, j’ai choisi une autre route…

Lorsque j’ai fini mes études et que j’ai commencé à chercher un emploi en 2004, j’ai alors connu un autre choc important de ma vie. La simple mention de travailleur handicapé sur mon CV n’avait pour effet que des silences et/ou des rejets de ma candidature. Lorsqu’au bout de 6 mois, j’ai décidé d’enlever ce label « d’handicapé » sur mon CV, mon téléphone n’a cessé de sonner…

Des années plus tard, j’ai choisi de me lancer dans l’entrepreneuriat qui est d’abord avant tout le chemin de la résilience personnelle qui m’a permis de transformer une injustice, une colère en énergie positive. L’entrepreneuriat ouvre le champ de la créativité; ce petit supplément d’âme qui bouscule les évidences et qui permet de transformer l’impossible en possible. Il m’a permis de me réaliser en apportant une contribution significative sur l’inclusion : un engagement personnel et sociétal.

QUE SIGNIFIE E&H LAB

E comme Esthétique

H comme Handicap à l’origine, puis Humain des années plus tard

LAB comme Laboratoire d’expérimentations sociales d’où sont sorties les campagnes citoyennes innovations en réponse aux problèmes sociétaux complexes grâce à la co-construction, l’écoute du terrain, le développement de partenariats stratégiques…

EN 10 ANS, 6 campagnes d'intérêt général, la confiance de 58 clients pour un revenu global de plus de 2 millions d'€, 15 salariés en CDI, une vingtaines de stagiaires, des dizaines de collaborations stratégiques... et des centaines de millions de personnes touchées à travers mes campagnes handicap à fort impact social.

E&H LAB a les qualités d'une petite agence : mobilité, agilité, avec l'expertise et les compétences d'une grosse agence de com.
Pascal Andrieux, Directeur des engagements sociaux et sociétaux du Groupe Malakoff Humanis & DG de la Fondation Malakoff Humanis

Au cœur de ce projet d’entreprise, une cause : celle de l’inclusion ; et une conviction profonde à savoir que la diversité consubstantielle de notre humanité, est une richesse pour la société tout entière qu’il s’agit de faire fructifier au profit de chacun et de tous.

E&H LAB c’est :
Un modèle économique hybride avec des campagnes d’intérêt général qui font écho à des défis très actuels du monde d’aujourd’hui (la santé mentale des collaborateurs, la société inclusive, l’image et le handicap) ; et une offre d’accompagnement des entreprises et institutions.

Un cœur de métier, la communication exercée au travers de 3 activités : le conseil, la création de contenus, et l’événementiel. Une double mission, faire changer de regard sur le handicap et agir pour une intégration effective de la diversité et du handicap en entreprise.

Un modèle performant au service d’une croissance dynamique :
En 10 ans, ce sont au total 58 clients accompagnés pour un revenu global de + 2 millions d’€. 6 campagnes d’intérêt général dont la dernière, CHAOS sur les troubles psychiques, a permis de toucher en 4 jours près de 2 800 participants sur le site physique, environ 13 000 personnes grâce aux interactions sur les réseaux sociaux et environ 5 622 000 personnes sur 4 semaines d’affichage sur 3 villes nationales

Une dirigeante singulière poly différente qui incarne authentiquement la vision de son entreprise et a construit un savoir-faire qui dépasse sa propre expérience.

Un parti pris proactif et offensif qui prône une vision positive du handicap, qui sort d’un « regard classique », plutôt victimaire et souvent assez stigmatisant et « normatif ».

Parmi les clients qui m’ont fait confiance

Les groupes Malakoff Humanis, Nokia, Orange, Transdev, le Crédit Agricole la Fondation Banque Populaire, Natixis, Gemey Maybelline Garnier, Les Galeries Lafayette, 3DS Dassault Systèmes, AG2R La Mondiale…

Suite aux impacts de la crise sanitaire entre autres, j’ai décidé de déposer le bilan et tourner la page de cette belle aventure entrepreneuriale.

Je partage mes inspirations, mes prises de position passionnées, visant à faire voler en éclats les préjugés.